Jean-Louis OLLÉ : Nous nous sommes tous rencontrés au CNR de Lille. Au départ, ce fut d’abord une motivation musicale, qui s’est rapidement transformée en une histoire humaine. Depuis 10 ans, nous avons gardé cette fraîcheur, et travailler ensemble est toujours un grand bonheur. Il est d’ailleurs très rare qu’une formation de musique de chambre dure si longtemps.

ARL : Parlez-nous du répertoire du quintette à vent. Depuis quand existe-elle et à quelle époque a-t-on le plus écrit pour cette formation ?

JLO : Le quintette à vent est réellement né à la fin du XVIII° siècle, pendant la création de l’école de Mannheim, une époque au cours de laquelle sont nés les grands orchestres classiques. Le quintette à vent a suivi naturellement l’essor de la clarinette. Tombé un peu dans l’oubli au XIX° siècle, la formation quintette à vent reprend son essor avec les compositeurs modernes et contemporains.

ARL : Avez-vous travaillé avec de jeunes créateurs ?

JLO : Lors de concours internationaux auxquels nous avons pris part, nous avons joué bon nombre d’œuvres contemporaines. Nous avons d’ailleurs gardé dans notre répertoire des compositeurs comme Luciano BÉRIO ou Gyorgy LIGETI ... Dans la région nord, nous travaillons régulièrement avec Marc LYS, professeur de piano au CNR de Lille et compositeur. Nous avons entre autres participé à un spectacle intitulé "Transports", sur la vie de SCHUBERT, que M. LYS a composé pour quintette à vent, trombone et comédiens. Nous aimerions, bien évidemment, aller plus souvent et plus régulièrement à la rencontre d’autres compositeurs !!!

ARL : Pour votre disque, comment s’est opéré le choix du programme ?

JLO : Pour notre premier disque, le choix fut particulièrement ardu ! Tant d’œuvres nous tiennent à cœur ! Nous avons essayé de retrouver l’esprit musical du quintette en proposant des morceaux plus ou moins connus. Le Sinfonietta de Robert LANNOY et le quintette de TAFFANEL sont la clé de voûte du CD.

ARL : Pourquoi le Sinfonietta de Robert LANNOY ?

JLO : Nous avons découvert cette pièce en 1994, et nous l’avons rapidement jouée en concert. Le public adhère à cette oeuvre, et pour les mélomanes, retrouver Robert LANNOY est toujours une grande émotion. Le Sinfonietta a donc trouvé tout naturellement sa place dans le disque.

ARL : Comment décririez-vous cette œuvre ?

JLO : En tant que musicien, elle est "faussement" facile ! Pleine de pièges, elle demande une attention et une concentration particulières en concert. C’est une œuvre qui reflète tout à fait l’esprit de la musique française, issue du groupe des Six, pleine de charme et de fantaisie. Elle propose des caractères et des mouvements bien spécifiques, elle est pleine de trouvailles, et après l’avoir travaillée dans tous les sens, nous y trouvons encore plein de surprises.

ARL : Pensez-vous, vous qui êtes professeur de musique de chambre au C.N.R de Lille, que ce soit une pièce accessible pour de jeunes musiciens ?

JLO : C’est une œuvre difficile, intéressante pédagogiquement, mais assez risquée en audition ! elle est accessible pour de jeunes instrumentistes, mais gare au pièges ! Le seul regret, pour nous, est que le matériel ne soit pas encore édité, afin qu’il soit plus lisible pour les musiciens et qu’on puisse se la procurer facilement.

ARL : Maintenant quels sont les projets d’Ibéria ?

JLO : Nous avons une saison 2001/2002 bien remplie, avec de nombreux concerts dans la région Nord. Nous venons de terminer une grande série de séances scolaires à Lambersart, ponctuée par un concert où plus de 1000 personnes étaient au rendez-vous. Ce fut un grand moment pour le quintette. D’autres concerts sont actuellement en préparation, dont un à Paris. Nous regrettons d’ailleurs qu’il soit si difficile de se faire connaître hors de la région.

ARL : Merci Jean-Louis OLLÉ